L’énergie intense du matériau se transmute du daf aux cordes et jusqu’à l’électronique, les reliant tous en un cycle d’énergie unique, en une entité unique. Le daf est un instrument percussion traditionnel perse, fréquemment associé à des expériences spirituelles et de transes. Son timbre est hautement versatile et contient différentes couches sonores : d’une part, des sons profonds et résonants, aux riches harmoniques, et, de l’autre, des tintements qui y semblent éparpillés, formant des timbres métalliques et granulaires. Le daf constitue l’impétus de cette pièce, et de lui découle le matériau développé et étendu par les cordes et l’électronique, le faisant accéder à d’autres dimensions. Cela se traduit autant par le recours à un matériau aux caractéristiques similaires, que par la production de contrastes susceptibles de mettre en avant chacune de ces caractéristiques. La nature profonde et primitive du daf donne lieu à des moments de rituel associés à des souvenirs ancestraux substantifiques de la nature humaine.
C’est à partir de ces réflexions que les matériaux des cordes et de l’électronique ont été élaborés, sur la base de trois archétypes sonores : les sons d’air, les tak (des sons relativement secs et aigus) et les dum (un son profond, largement résonnant). Autour de ces trois archétypes sonores, des variations sont produites, qui créent la forme de la pièce.
Rachel Beja, note de programme du concert ManiFeste du 17 juin 2021 au T2G.