Les échantillons et objets sonores de cette pièce ont été réalisés sur la machine UPIC. L’une de ses particularités est de pouvoir lire instantanément par balayage avant-arrière, et à des vitesses variables, le contenu de la mémoire dite “mémoire vive”, dans laquelle sont conservés tous les éléments composés. C’est dire combien sont nombreuses les variations possibles à partir d’un contenu sonore quelquefois mince et sans caractère particulier. Ainsi, une succession de groupes d’accords brefs, plus ou moins espacés, engendre, par lecture rapide, des agrégats où la notion de hauteur s’estompe au profit de cellules rythmiques, variables selon la vitesse de lecture. C’est donc à travers un brassage de la durée des évènements — compression ou étirement temporels — que se forment de nouveaux objets sonores qui pourront eux-mêmes être éventuellement à nouveau traités. L’autre aspect de cette pièce est d’être mixte. Au jeu de la bande se superpose celui du “méta-instrument ” conçu par Serge de Laubier. Le jeu en direct obéit au même principe que celui énoncé plus haut, se nourrissant des échantillons sonores stockés également en “mémoire vive”, mais il est cette fois-ci visible. Nous parvenons ainsi à sortir du statisme spectaculaire qu’offre la pure et simple diffusion d’une bande.
Bernard Parmegiani.