Le travail de cette œuvre consiste à passer en un circuit d'écho une gamme chromatique donnée à différents instruments à vent dans une ambiance de souffle, de rires et de cris d'oiseaux. Cette gamme chromatique obstinée se fige en de multiples accords, créant une métamorphose de la ligne mélodique en accords complexes. Cette ligne-accord « harmonise » cette même gamme chromatique jouée en trémolos tremblés par le cor soit en direct, soit en différé sur la bande. Cette gamme chromatique obstinée prend dans sa forme tremblée une expression d'envol de multiples oiseaux qui fanatisent les différentes gammes chromatiques de l'ensemble. J'ai toujours senti dans la gamme chromatique de l'histoire la porte d'ouverture entre la structure harmonique et le bruit-son, cela dès le début du XIXe siècle. J'ai toujours cru que l'écho avait été le début de toute polyphonie. Mon effort consiste à accentuer le caractère purement instrumental de mon écriture. C'est-à-dire, faire valoir l'instrument comme « porteur » de la voix humaine, amplifiant ses secrètes implications. Ce parti-pris m'oblige, comme toujours dans mon écriture, à concevoir le son instrumental dans un grossissement électro-acoustique qui respecte l'originalité du son « aérien », de l'instrument. Le son instrumental, chez moi, trouve son expression musicale dans la distorsion et l'ajout des parasites. Comme si l'utilisation de l'amplification électroacoustique refusait d'être une simple représentation ou reproduction du son instrumental.
Michaël Lévinas.