Si exorcisme il y a, ici, cela pourrait être celui des sons, et plus encore celui des sons de synthèse tout droit issus des synthétiseurs. Considérés individuellement, ces derniers ont généralement une durée de vie éphémère, une évolution interne réduite. L’exercice consiste donc à les faire sortir de leur forme usinée, les amadouer et les faire évoluer dans le temps à travers l’extension et la variation du tissu sonore qui les constitue. Le point de départ de ces sons est celui que nous procurent les presets des synthétiseurs, c’est-à-dire, les sons préréglés “de fabrique” imitant de façon banale ceux de la lutherie classique. Les moyens employés pour accomplir cet Exercisme ont été principalement : le Pitch Rider, le système Syter associé au Publison DHM. Le Pitch Rider est une sorte d’interface qui permet à des sons naturels ou à des sons de synthèse analogique de déclencher des sons de synthèse numérique. Tel train d’impulsions analogiques déclenche des répétitions quasi aléatoires et parfois très variées de sons numériques. Ces répétitions souvent très “serrées” nous mènent aux limites de phénomènes sonores continus faisant ainsi perdre à ces “sons d’usine” leur “âme” instrumentale. Ainsi, bascule-t-on subitement d’un territoire à un autre, de l’instrumental à l’électroacoustique, du référencé à une “langue inconnue”. C’est ici qu’avec Syter j’ai travaillé sur le “dedans” de ces nouveaux éléments avec des traitements en temps réel. Il en est résulté une sorte de façonnage du tissu sonore, très évolutif et maîtrisé grâce à une programmation préétablie.
Bernard Parmegiani.