piano
Cette pièce a été écrite à la mémoire de Dominique Troncin, peu de jours après sa mort, à la fin de l’année 1994.
La lumière n’a pas de bras pour nous porter est un vers, un poème monostiche de Pierre-Albert Jourdan extrait des Sandales de paille. Ce livre était au chevet de Dominique, la dernière fois que je suis allé chez lui, rue Saint-Sébastien. Il se trouve que je le lisais aussi à ce moment, sans que nous nous en soyons parlé. La deuxième partie du livre est constituée par le journal de la dernière année de Jourdan qui se savait condamné.
Cette petite pièce est un portrait croisé : le son est mien, mais le caractère, qui ne va pas sans paradoxe, est celui de Dominique : allègre et mystérieux, allant et contenu.
Seules les touches blanches du piano sont sollicitées. Une harmonie d’ut flotte, accrochée parfois par le refrain dansé pris dans un prestissimo implacable. Le rythme obsessif est produit par le bruit des ongles ou des doigts en glissando sur le clavier sans que, le plus souvent, les marteaux soient activés.
Pierre-Albert Jourdan termine ses carnets, quelque temps avant de mourir, par ces deux phrases : « Au fond, on a beaucoup marché. Déjà heureux de ne pas s’être perdu plus vite. »
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