mise à jour le 30 septembre 2024
© Agnès Gania

Charlemagne Palestine

Compositeur américain né le 15 août 1947 à Brooklyn, New York.

Né en 1947, Chaïm Moshe Tzadik Palestine, dit Charlemagne Palestine, est originaire d’une famille russe de religion juive partie d’Odessa à l’aube du vingtième siècle pour s’installer à Brooklyn (New York). Il débute sa pratique musicale par le chant. Dès l’âge de 8 ans et jusqu’en 1961, il intègre la chorale traditionnelle Stanley Sapir à la synagogue de Brooklyn, puis, inscrit à la High School of Music And Arts, il étudie l’accordéon, le piano, la peinture, et s’intéresse aux sons générés par des machines.

En 1963, il devient carillonneur à l’église épiscopale Saint Thomas (New York), située à proximité du Musée d’Art Moderne (MOMA). Chaque jour et pendant six ans, il joue des hymnes traditionnels protestants ainsi que des formes plus expérimentales. Ses prestations résonnent dans les environs de l’église et attirent immanquablement l’attention des passants, dont les compositeurs Tony Conrad ou Ingram Marshall.

Il profite de la proximité géographique avec le MOMA pour arpenter les collections du musée où il découvre les peintres impressionnistes et abstraits qui sont pour lui une révélation. Les recherches formelles de Monet, Seurat, Rothko, Albers ou Still deviennent ainsi l’un des ferments de sa propre quête esthétique.
Durant cette période, Il côtoie de nombreuses figures de l’avant-garde artistique et de la contre-culture : Allen Ginsberg, Kenneth Anger, Richard Serra, Rhys Chatham, Tony Conrad, Steve Reich, Philip Glass, La Monte Young, ou encore Terry Riley.

Suite à sa rencontre avec Morton Subotnick en 1967, il compose de nombreuses pièces à partir de sons continus de synthèse. En 1968-69, il approfondit sa connaissance des oscillateurs électroniques à l’Intermedia Center de New York. En 1969, sur l’invitation de Subotnick, il s’installe à San Francisco (Californie), et enseigne à l’université CalArts, où il découvre l’orgue et le Bösendorfer Imperial Grand Piano, qui deviennent des instruments indissociables de sa pratique musicale et de sa recherche. Il crée en 1972 sa première œuvre pour piano, « Spectrum Continuum », d’une durée de 5h. En parallèle, il travaille sur des prototypes de synthétiseurs pour Don Buchla et Serge Tcherepnin et développe un synthétiseur nommé The Spectral Continuum Drone Machine.
À cette époque, il rencontre la danseuse Simone Forti, avec laquelle il collabore à plusieurs reprises.

Charlemagne Palestine s’intéresse également au gamelan javanais et balinais. Il part en Indonésie en 1971 avec Ingram Marshall pour étudier cette musique. Il est par ailleurs initié aux musiques hindoustanies par Pandit Pran Nath.

Chantre du continuum sonore, du drone et de la transe, Charlemagne Palestine est notamment reconnu pour sa technique du strumming, terme qui peut se traduire par « musique frappée ». Dérivée du flamenco et de la technique du carillon, le strumming est basé sur la répétition et la physicalité du jeu, mais aussi sur l’idée selon laquelle l’instrument a sa propre voix et peut, selon la manière dont il est joué, produire une série d’harmoniques semblant émerger d’elles-mêmes. Ainsi, dans ses œuvres (principalement improvisées), Palestine joue sur la résonance et l’empilement des sonorités pour sculpter les masses sonores dans une perpétuelle recherche du golden sound, la « sonorité d’or ». Par extension, lors de ses concerts il cherche à dialoguer avec le lieu de la performance en saturant l’espace sonore disponible de manière à le faire vibrer.

Empreintes de spiritualité, de tradition et de chamanisme, ses performances sont ritualisées : il boit du cognac, fume des cigarettes indonésiennes au clou de girofle, et installe une multitude d’ours en peluches (ses « divinités »), de foulards et autres tissus sur le lieu de concert et sur l’instrument.

Assimilé au courant de la musique minimaliste, il récuse cette étiquette au profit de « maximaliste », ce terme permettant selon lui de ne se fixer aucune limite.

Charlemagne Palestine est également vidéaste (série des Body Music, 1973-74, Island Song, 1976, ou Ritual in the Emptiness, 2004) et plasticien. Il déploie in situ son univers foisonnant de peluches et de chiffons dans des installations parfois monumentales. Il expose dans le monde entier, notamment à documenta (Cassel, Allemagne), au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (Paris, France) ou encore Tonspur (Vienne, Autriche).

Il vit à Bruxelles depuis 1999.


© Ircam-Centre Pompidou, 2024

Sources

Marie Canet, Jacques Donguy (voir ressources).

Source et détails du catalogue

Performances / œuvres vidéo

  • Ritual in the Emptiness, 12’04, 2004.
  • Dark into Dark, 19’28, 1979.
  • Where It’s Coming From, 56’50, 1977.
  • Island Song, 16’29, 1976.
  • Island Monologue, 15’05, 1976.
  • Andros: Escapist Primer, 57’13, 1975-76.
  • Internal Tantrum, 7’35, 1975.
  • Running Outburst, 5’56, 1975
  • You should never forget the Jungle, 11’09, 1975.
  • St. Vitas Dance, 8’50, 1975.
  • Snake, 10’43, 1974.
  • Four Motion Studies, 13’24, 1974.
  • Body Music I, 12’54, 1973-74.
  • Body Music II, 8’09, 1973-74.

Source(s) du catalogue

Performances / œuvres vidéo

  • Ritual in the Emptiness, 12’04, 2004.
  • Dark into Dark, 19’28, 1979.
  • Where It’s Coming From, 56’50, 1977.
  • Island Song, 16’29, 1976.
  • Island Monologue, 15’05, 1976.
  • Andros: Escapist Primer, 57’13, 1975-76.
  • Internal Tantrum, 7’35, 1975.
  • Running Outburst, 5’56, 1975
  • You should never forget the Jungle, 11’09, 1975.
  • St. Vitas Dance, 8’50, 1975.
  • Snake, 10’43, 1974.
  • Four Motion Studies, 13’24, 1974.
  • Body Music I, 12’54, 1973-74.
  • Body Music II, 8’09, 1973-74.

Liens internet

‘(liens vérifiés en septembre 2024)

Bibliographie sélective

Textes sur Charlemagne Palestine
  • Michel BAUDSON, Xavier Garcia BARDÓN (Éds.), Luca LO PINTO, Charlemagne Palestine. Aa Sschmmettrroossppecctivve, Gand : audioMER, 2018.
  • Julien BÉCOURT, « La transe insoumise de Charlemagne Palestine », dans Mouvement, n°90, juillet-août 2017, pp. 14-18.
  • Marie CANET, Palestine, prénom Charlemagne – Meshugga Land, Dijon : Les Presses du Réel, 2017.
  • Daniel CAUX, « Charlemagne Palestine : The Golden Mean », in Le Silence, les couleurs du prisme & la mécanique du temps qui passe, Paris : Éditions de l’éclat, 2009, pp.142-143.
  • Julian COWLEY, « Charlemagne Palestine Pulls Out the Stops », dans Musicworks, n°117, Winter 2013, dont un large extrait est disponible en ligne. (lien vérifié en septembre 2024)
  • Jacques DONGUY, Charlemagne Palestine, Château-Gontier sur Mayenne : Aedam Musicae, 2022.
  • François ELLA-MEYE, « Pour une approche heuristique du son d’or de Charlemagne Palestine : la reconstuction de Schlingen-Blängen », thèse de doctorat en musicologie 2017, à consulter en intégralité en ligne. (lien vérifié en septembre 2024)
  • Antonio GUZMÁN (dir.), Charlemagne Palestine. Bordel Sacré, Valenciennes : Éditions de l’Aquarium agnostique / École des Beaux-arts, 2003.
  • Tom JOHNSON, « La perception de Charlemagne Palestine », dans The Village Voice, 1973.
  • Luca LO PINTO, Samuel SAELEMAKERS (Éds.), Charlemagne Palestine. GesammttkkunnsttMeshuggahhLaandtttt, Berlin :  Sternberg Press, 2016.
  • Ingram MARSHALL, « Charlemagne’s Environments », dans Los Angeles Free Press, le 20 novembre 1970.
  • Tyler MAXIN, « The Rites of Ssingggg Sschlllingg Sshpppinggg: A Brief Survey of Charlemagne Palestine », article à lire sur le site de Blank Forms. (lien vérifié en septembre 2024)
  • Walter ZIMMERMANN, Desert Plants. Conversations with 23 American Composers, Berlin: Beginner Press, 2020, réédition de l’ouvrage initialement publié en 1976 par ARC, Vancouver.
Textes de Charlemagne Palestine
  • Charlemagne PALESTINE, Running n Chanting n Falling n Ranting, accompagné d’un Cd audio, Italie : Filipson Editions, 2014.

Discographie sélective

  • Charlemagne PALESTINE, « God Bear Archives II », 2 x Cd Matière Mémoire, 2024, MM-GO006CD.
  • Charlemagne PALESTINE, « God Bear Archives I », 2 x Cd Matière Mémoire, 2023, MM-GO005CD.
  • Charlemagne PALESTINE, « The Lower Depths », 3 Cd Alga Marghen, 2017, plana-P 41NMN.151.
  • Charlemagne PALESTINE, « From Etudes To Cataclysms For The Doppio Borgato », 2 Cd Sub Rosa, 2016, SR272.
  • Charlemagne PALESTINE, « CharleBelllzzz At Saint Thomas », 1 Cd Alga Marghen, 2015, plana-P 335NMN.090.
  • Charlemagne PALESTINE & Simone FORTI, « Illuminations », 1 vinyle Alga Marghen, 2010, plana-PF 21VocSon082.
  • Charlemagne PALESTINE, « The Golden Mean », 1 Cd Shiiin, 2006, shiiin 2.
  • Charlemagne PALESTINE & Tony CONRAD, « An Aural Symbiotic Mystery », 1 Cd Sub Rosa, 2006, SR204.
  • Charlemagne PALESTINE, « Negative Sound Study », 1 vinyle Alga Marghen, 2002, 19NMN.046.
  • Charlemagne PALESTINE, « Jamaica Heinekens In Brooklyn », 1 Cd Barooni, 2000, BAR 021.
  • Charlemagne PALESTINE, « Schlingen-Blängen », 1 Cd New World Records, 1999, 80578-2.
  • Charlemagne PALESTINE, « Strumming Music », 1 vinyle Shandar, 1974, réédité par New Tone Records en 1995, par Sub Rosa en 2010 et par Aguirre Records en 2017.
  • Charlemagne PALESTINE, « Four Manifestations On Six Elements », 2 vinyles Sonnabend Gallery, 1974, réédité par Barooni en 2006, et par Alga Marghen en 2010.

Filmographie sélective

  • Anne MAREGIANO, Charlemagne Palestine, The Golden Sound, 1 DVD RE:VOIR, 2013.
  • Charlemagne PALESTINE, Tony CONRAD, More Aural Symbiotic Mysteries From Belgie, 1 DVD, Taping Policies, 2013.
  • Guy-Marc HINANT, Dominique LOHLÉ, Whisky Time, un portrait de Charlemagne Palestine, 2011.
  • Antonio GUZMÁN, Vincent VICARIO, Charlemagne Palestine. Mother Of Us All, 1 DVD ENSA Nancy / Les Éditions du Parc, 2009.
  • Pip CHODOROV, Charlemagne 3 : Pastrami Recordings, 2009.
  • Pip CHODOROV, Charlemagne 2 : Pilzer, Lightcone, 2002.