Steve Reich (1936)

Jacob's Ladder (2023)

pour deux sopranos, deux ténors et ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 2023
    • Éditeur : Boosey & Hawkes
Effectif détaillé
  • solistes : 2 sopranos, 2 ténors
  • 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 vibraphones, piano, 4 violons, 2 altos, 2 violoncelles

Information sur la création

  • Date : 5 octobre 2023
    Lieu :

    États-Unis, New York, David Geffen Hall


    Interprètes :

    Synergy Vocals ; New York Philharmonic ; Jaap van Zweden, direction

Note de programme

Tehillim (1981), The Cave (1993), Know What Is Above You (1999), You Are (Variations) (2004), Daniel Variations (2006), Traveler’s Prayer (2020) et maintenant Jacob’s Ladder : depuis le début des années 1980, Steve Reich puise régulièrement son inspiration dans la culture et la religion hébraïques. Dans la partition pour voix et ensemble créée en octobre dernier, il met en musique un verset de la Genèse narrant le songe de Jacob.
Il avait remarqué la diversité d’interprétation suscitée par cet épisode, et notamment par l’image de l’échelle, de William Blake à Philip Guston en passant par Pieter Brueghel l’Ancien. Pour un musicien, il est tentant de l’assimiler à une échelle modale, d’autant qu’en hébreu, le mot Sulahm est utilisé dans les deux acceptions (comme « échelle » en français). Après avoir essayé d’écrire Jacob’s Ladder à partir de gammes, Reich a jeté au panier ce qui, de son propre aveu, ressemblait davantage à des exercices pour pianiste débutant qu’à une véritable composition. Réalisant que tout mouvement mélodique ascendant ou descendant pouvait être assimilé à une échelle, il tenait là son matériau de départ.
Le découpage formel suit la structuration du texte en quatre phrases : « Et [Jacob] rêva / qu’il y avait une échelle reposant sur la Terre / et dont l’autre extrémité atteignait le ciel ; / et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient » (traduction d’après le texte anglais). Chacune de ces phrases est chantée, puis brièvement commentée par l’ensemble instrumental, avant de donner lieu à un développement plus conséquent. Alors que dans ses œuvres vocales antérieures, les voix chantaient presque sans interruption une fois entrées (Drumming, Music for Eighteen Musicians, The Desert Music), la musique purement instrumentale occupe ici plus de la moitié de l’œuvre : elle « interprète le mouvement des messagers/ anges montant, descendant ou s’arrêtant sur une échelle, entre ciel et terre », explique le compositeur. Vers la fin, les chanteurs rejoignent néanmoins l’orchestre, alors que le rythme perd peu à peu en densité, jusqu’à s’immobiliser.

Hélène Cao, note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 6 février 2024 à l'Auditorium de Radio France.