mise à jour le 21 mai 2024
© Yves de Kermel

Qigang Chen

Compositeur chinois né le 8 août 1951 à Shanghaï.

Né en 1951, à Shanghai, dans une famille très attachée à la culture traditionnelle, Qigang Chen est dès le plus jeune âge exposé à un environnement où l’art se confond avec le quotidien. Son père perpétue la figure du lettré chinois, voire de l’« homme de bien » confucéen. Peintre et calligraphe, il est aussi musicien à ses heures, s’essayant à plusieurs instruments traditionnels. Pianiste et professeur, sa mère a fait des tentatives infructueuses en tant que compositrice. Tous deux, ayant pris part dans les années 1930 au mouvement révolutionnaire, accèdent à des postes de pouvoir, le premier au Ministère de la Culture et la seconde en tant que directrice de la musique de cinéma documentaire. La famille déménage à Pékin, où Chen passera la majeure partie de son enfance. Âgé de treize ans, il intègre un collège rattaché au Conservatoire Central, où il étudiera la clarinette pendant quatorze ans. Sa formation musicale est interrompue en 1966 par la Révolution Culturelle, laquelle balaie tout ce qui s’inspire du modèle d’enseignement occidental. Accusé d’être antirévolutionnaire, il doit travailler dans une commune agricole. Le jeune Qigang est isolé à l’école, marginalisé à cause du statut de « bourgeois » de son père. De 1970 à 1973, il sera consigné dans la caserne de Baoding (province du Hebei) pour « rééducation idéologique », sans contact avec l’extérieur. Cependant, à partir de 1970, un léger assouplissement lui permet d’étudier à nouveau la musique.

En 1973, il intègre l’orchestre de Hangzhou (Zhejiang), dont il sera clarinette solo pendant trois ans, puis chef pendant deux ans, et commence à étudier la composition en autodidacte. La fin de la Révolution Culturelle en 1976 permet que se tienne en 1977 le concours de recrutement du Conservatoire Central de Pékin, où Chen sera reçu premier en clarinette et douzième en composition, discipline qu’il choisira sans hésiter. Pendant cinq ans (1978-82) il étudie avec Luo Zhongrong et se forme en harmonie, contrepoint et orchestration. C’est pendant ces années d’études, à l’occasion de conférences et masterclasses données par des invités occidentaux, qu’il devient conscient de l’effervescence musicale occidentale. Parmi les invités, Alexander Goehr, alors professeur à Cambridge, présente les compositeurs de l’école de Vienne, mais aussi Boulez, Xenakis, Messiaen.

Un diplôme de Bachelor où il est premier nommé lui permet de bénéficier d’un séjour d’études en France, destination déterminée par un programme d’échanges entre les deux états. Il arrive à Bordeaux en juillet 1984, puis prend contact avec Olivier Messiaen qui, bien que retraité du CNSM de Paris, lui donne des leçons privées de 1984 à 1988, faisant de lui son dernier élève. Sa bourse étant conditionnée à l’obtention de diplômes, il s’inscrit à l’université Paris IV-Sorbonne, où il obtient un diplôme en musicologie en 1989. Il est en outre auditeur libre au CNSM, où il suit principalement l’enseignement d’Ivo Malec, mais aussi celui de Betsy Jolas. Il recevra aussi l’enseignement de Claude Ballif et de Jacques Castérède à l’École Normale de Musique, où il reçoit un Diplôme Supérieur de Composition en 1988.

La reconnaissance ne tarde pas, et commence en 1986 par un prix au Concours International de Composition de Paris pour la pièce Yi. D’autres prix suivront, notamment à Darmstadt, à l’instigation de Brian Ferneyhough, pour Voyage d’un rêve, puis en 1989 et 1991.

Chen est naturalisé français en 1992, davantage selon lui pour des questions pratiques et pour la liberté de circulation que par conviction. Son retour provisoire en Chine en 2003 lui laisse d’ailleurs entrevoir une possible réconciliation avec un système politique dont il mesure alors le changement, et avec un pays dont il reçoit tous les honneurs officiels en tant que directeur musical de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2008. Les musiques composées pour trois films de Zhang Yimou (2010, 2011 et 2014) prolongeront ce mouvement vers une musique largement accessible.

Bien qu’il se consacre pleinement à la composition et n’occupe pas de poste d’enseignement, Chen a organisé à partir de janvier 2015 une académie de composition, le « Gonggeng College - Chen Qigang Music Workshop » à Huangniling (Suichang, Zhejiang). Cet atelier annuel accueillant une vingtaine d’étudiants à titre gracieux est pour lui l’occasion de transmettre son expérience et ses idées autant que de rester en prise avec les préoccupations des jeunes compositeurs dans une Chine qui change vite.


© Ircam-Centre Pompidou, 2024

Sources

Site du compositeur ; entretien avec Nicolas Donin, Circuit 12/3, 2002 ; interviews filmées (Des mots de minuit #230, Philippe Lefait) ; film de Serge Leroux ; rencontre animée par E. Hondré le 10 février 2018 à la Philharmonie de Paris, inédit.

Source et détails du catalogue

Compositions pour le cinéma

  • Coming Home (Zhang Yimou, 2013)
  • The Flowers of war (Zhang Yimou, 2011)
  • Sous l’aubépine (Zhang Yimou, 2010)

Source(s) du catalogue

Compositions pour le cinéma

  • Coming Home (Zhang Yimou, 2013)
  • The Flowers of war (Zhang Yimou, 2011)
  • Sous l’aubépine (Zhang Yimou, 2010)

Liens Internet

(lien vérifié en mai 2024).

Bibliographie

  • Nicolas DONIN, « Compositeurs chinois en Europe : entretiens avec Chen Qigang et Wen De-Qing », Circuit, 2002, vol. 12, no 3, p. 9-33.
  • Hsieng-Sheng LIEN, Le parcours musical de Qigang Chen au regard des musiques contemporaines chinoise et japonaise, thèse de doctorat, Musique et musicologie du XXe siècle, Paris, Université de La Sorbonne, 2005.

Filmographie

  • Serge LEROUX, Reflets d’un temps disparu : un voyage dans la musique de Qigang Chen, Paris, Hibou Production, 2003.