mise à jour le 15 mai 2024
© PWM Edition / Bartek Barczyk

Elżbieta Sikora

Compositrice polonaise née le 20 octobre 1943 à Lwów.

Elżbieta Sikora étudie l’ingénierie du son à l’École supérieure de musique à Varsovie, puis la musique électroacoustique au Groupe de Recherches Musicales à Paris avec Pierre Schaeffer et François Bayle entre 1978 et 1980. De retour à Varsovie, elle suit les cours de composition de Tadeusz Baird et Zbigniew Rudzinski. En 1973, elle fonde avec Wojciech Michniewski et Krzysztof Knittel, le groupe de compositeurs KEW, qui organisera plusieurs concerts à travers l’Europe avant de se dissoudre quelques années plus tard.

En 1981, elle obtient une bourse d’étude de neuf mois du gouvernement français, et suite au coup d’État du 13 décembre en Pologne, elle s’installe définitivement à Paris. Elle suit les cours de composition et d’analyse de Betsy Jolas et des stages d’informatique musicale à l’Ircam. Elle est invitée au CCRMA (Center for Computer Research for Music and Acoustics) de l’Université de Stanford où elle travaille plusieurs mois sous la direction de John Chowning.

En 1985, elle obtient un poste de professeure de composition électroacoustique au Conservatoire d’Angoulême où elle enseigne jusqu’en 2008.

De 2009 à 2017, elle dirige le festival Musica Electronica Nova de Wrocław.

Son catalogue comporte aussi bien des pièces électroacoustiques que des pièces instrumentales, et est riche d’une soixantaine d’œuvres dont des opéras, des pièces pour ballets, des pièces symphoniques, de la musique de chambre et soliste.

Ses œuvres sont jouées dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis, notamment dans des festivals tels que le festival d’Avignon, les Dresdner Musikfestpiele, le festival Automne de Varsovie, Fylkongen à Stockholm, Musica Electronica Nova, Présences et le festival de musique électroacoustique de Bourges. Elle reçoit entre autres des commandes de Radio France, de l’Ircam, du Groupe de Recherches Musicales, de la Muse en Circuit, du Ballet de Monte Carlo, des ministères de la culture polonais et français.

En 1981, invitée par Tod Machover à l’Ircam, elle y compose une pièce pour flûte et électronique, Tête d’Orphée II, créée par Pierre-Yves Artaud et jouée ensuite dans de nombreux pays. Marquée par sa rencontre avec Pierre Schaeffer, elle reste très liée au GRM et elle compose l’année suivante, à la demande de François Bayle, Janek Wiśniewski-Décembre-Pologne, pour bande, en réaction aux événements polonais de décembre 1981.

Elżbieta Sikora a composé plusieurs opéras, dont l’opéra radiophonique Derrière son double, commandé par Radio France et L’Arrache-Cœur d’après Boris Vian, créé à l’Opéra National de Varsovie en 1995. Son opéra, Madame Curie, commande pour la commémoration du Centenaire de l’attribution du Prix Nobel de chimie à Marie Skłodowska-Curie, est créé à l’Unesco en 2012 avant d’être repris à Opéra baltique de Gdańsk.

Elle compose plusieurs œuvres pour bande, Flashback, hommage à Pierre Schaeffer (1996), Axe Rouge V (2012) dont plusieurs pour le ballet, Blow-up (1980), The Waste Land (1983) et La Clef de verre (1986).

En 2017, elle retrouve les studios de l’Ircam pour les pièces pour orchestre et électronique Sonosphère III. Symfonia Wrocławska et Sonosphère IV. Symfonia Wrocławska créées en mai 2017 au festival Musica Electronica Nova.

Plusieurs de ses œuvres ont été récompensées par des prix : Ariadna reçoit le deuxième Prix du Concours International de Composition C. M. Weber à Dresden en 1978 ; Guernica, hommage à Pablo Picasso reçoit le premier Prix au Concours de Femmes Compositeurs à Mannheim en 1981 ; Chant’Europe est récompensé par le Prix Pédagogique de la Sacem en 1994 ; L’Arrache-Cœur reçoit le Prix Nouveau Talent Musique de la SACD et Acquamarina, le Prix Magistère de Bourges. L’Académie du Disque Lyrique décerne une mention spéciale à la pièce Le Chant de Salomon (2003). Enfin, Madame Curie est récompensé par le Prix Splendor Gedanensis et par le Prix artistique 2012 de la Région de Gdańsk.

Elżbieta Sikora est nommée chevalier de la Croix du Mérite en Pologne en 1997 et Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en France en 2004.

Ses pièces sont publiées aux éditions Le Chant du Monde et PWM (Polskie Wydawnictwo Muzyczne).


© Ircam-Centre Pompidou, 2017

Sources

Site de la compositrice ; Site des éditions PWM.

« Obtenir le son qui m'appartient, qui me définit »

Par Michèle Tosi

« Ce son, je ne peux pas le définir moi-même
car il dépend d’un processus de recherche qui fait
qu'on essaie d'aller toujours plus loin en tentant
de s'approcher de cet idéal jusqu'au point de non-retour »,
confie la compositrice, forte de ses cinquante années de carrière1.


Sa musique n’est ni sérielle ni spectrale. Elżbieta Sikora, née en 1943 à Lwów (Pologne) a abordé les deux techniques lors de ses études sans jamais adhérer à l’une ou l’autre école. Elle s’est d’abord formée au contact du son et de son écoute active. Elle est ingénieure du son, diplômée de l’Académie de musique de Varsovie, lorsqu’elle vient travailler, dans les années 1960, au Groupe de Recherches Musicales (GRM) auprès de Pierre Schaeffer et son équipe qui lui font faire ses premiers pas en matière de composition et scellent son attachement vital à la musique électroacoustique. Pour autant, elle retourne en Pologne pour parfaire ses études dans le domaine instrumental auprès de deux grands maîtres, Tadeusz Baird2 et Zbigniew Rudziński, avant de se fixer à Paris en 1981. Ainsi va-t-elle mener de front un travail s’exerçant dans les deux pratiques compositionnelles, électroacoustique et instrumentale, qu’elle aura à cœur de réunir dans l’œuvre mixte et le live électronique.

Le jardin de sons de Sikora

Portée par sa sensibilité de musicienne et son écoute aiguë du phénomène sonore – et aussi parce qu’elle a beaucoup voyagé – Sikora a beaucoup enregistré, avec son DAT (Digital Audio Tape) d’abord, les manifestations sonores de son environnement : la mer, le bruit des villes, le vacarme des conteneurs de verre, la rumeur des gares et autres moyens de transport qui véhiculent des images, des sensations, des souvenirs. « Elżbieta est une omnivore du son », dira Christian Zanési3 d’une compositrice qui pratique le field recording autant que les sons de synthèse.
Son catalogue qui compte aujourd’hui plus de 120 opus enregistre vingt-quatre œuvres acousmatiques (entendues à travers des haut-parleurs) parmi lesquels il faut faire la distinction entre l’œuvre électroacoustique et la pièce radiophonique, un genre à part entière pour la compositrice, qu’elle va réaliser dans les locaux de la RTF et au Studio Expérimental de la Radio Polonaise.
Pour Elżbieta Sikora, la composition électroacoustique est affaire de studio où elle aime se retrouver seule face aux machines, dans des conditions d’écoute et une concentration optimales. « Tous les studios se ressemblent aujourd’hui, une demi-journée en présence du technicien me suffit, en général, pour me familiariser avec les outils, sachant que je peux y retrouver le logiciel sur lequel je travaille », nous dit la compositrice. Ainsi a-t-elle enchaîné les résidences, du GRM au Studio expérimental de Varsovie, de Fribourg à Berlin, de Bourges à Bruxelles, etc. où une quinzaine de pièces a vu le jour. Dans Chicago al fresco (2009), une de ses plus belles réussites dans l’univers électroacoustique, la compositrice mixe et monte en un flux ininterrompu des séquences jouant sur l’entrechoc émotionnel du son brut enregistré in situ avec celui des cordes sensibles vibrant sous l’archet des instrumentistes. « J’aime utiliser le son ‟cru” dont j’entrevois les manipulations et les potentialités », note-t-elle ; « Axe rouge V (2012) tire son matériau d’une cannette de bière et d’autres objets du quotidien » L’ambivalence recherchée entre le réel et l’onirique, le trivial et le poétique opère dans Gare du Nord (2017), ici station de métro plus que gare de surface, que donne à entendre la compositrice. Les séquences captées sur le vif sont retravaillées en studio dans une recherche d’articulation formelle (signaux structurels) et de conduite rythmique (cadence des rames de métro). C’est dans Grain de sable (2002) qu’elle intègre le son énorme de la benne qui verse le verre à recycler. Bruiteux, filtré, étiré, ralenti, il infiltre toute la pièce auquel s’agrègent les voix des ouvriers et celles d’un imaginaire qui poétise le quotidien. Le symphonique et le tribal cohabitent dans Rouge d’été (2002), autre coup de maître à haute tension où s’exercent pulsions rythmiques et trouvailles sonores.
Acousmatique également, l’œuvre radiophonique (Hörspiel en allemand) relève d’un autre genre dont Far-West News de Luc Ferrari est peut-être l’exemple le plus emblématique. Vouée à une écoute plus intimiste, plus domestique aussi, elle fait davantage appel à la voix, parlée et chantée, avec ou sans histoire, juste un fil narratif parfois pour guider l’auditeur. La compositrice y trouve l’espace de liberté où peut se déployer sa verve imaginative. Commande du GRM, Géométries variables (1991) rappelle par certains côtés l’esprit Dada dans l’utilisation d’un matériau de récupération. Non sans humour, Sikora collecte les messages de son répondeur qu’elle sélectionne et fait défiler sur la bande, dans l’allure du rondo avec refrain. Les voix s’inscrivent sur le flux disert d’une partie électroacoustique où l’étrange le dispute à l’inattendu et où les fragments de ses propres œuvres tissent une sorte d’autoportrait sonore de la compositrice. Eine Rose als Stüze (2002) est une commande du festival d’Heidelberg, plaçant au centre du projet trois poèmes en allemand mis en musique par Sikora : événements et temporalités s’y superposent où l’aspect documentaire prévaut sur l’objet artistique réalisé : témoignages, voix diverses, parlée (celle du père de la compositrice) et chantée (répétitions des Lieder) forment une trame poly-textuelle aussi vivante qu’émotionnelle. Commande de la radio polonaise et du Festival Automne à Varsovie, Norwid’Ellipse4 (2021) célèbre le « barde-prophète », émigrant polonais venu à Paris après l’insurrection de 1830. L’œuvre concentre trois voix d’acteurs, une partie électroacoustique et deux instruments enregistrés et traités en studio (accordéon et contrebasse). Cherchant toujours le grain de voix qui l’intéresse, Sikora confie à un rappeur la lecture d’un des poèmes de Norwid.
Dans l’opéra radiophonique que la compositrice illustre à deux reprises, l’argument littéraire est davantage sollicité ainsi que la/les voix qui chantent autant qu’elles parlent. Derrière son double (1983), commande de l’Atelier de création radiophonique de France Culture5 et du GRM, d’une durée de trente minutes, donne lieu à un livret et une partition. Conçue d’après le texte surréaliste de Jean-Pierre Duprey6, l’œuvre réunit deux chanteurs (soprano et baryton), quatre voix d’acteurs (dont un narrateur pour pallier l’absence de mise en scène), six instruments (flûte, percussion et quatuor à cordes) ainsi qu’une partie électronique. Sikora brise l’aspect linéaire du flux narratif, entremêlant, superposant les voix qui apparaissent parfois, chuchotantes, en surimpression du chant. Pour L’Arrache-cœur (1986), nouvelle commande de l’Atelier de création radiophonique, elle écrit elle-même le livret d’après le roman de Boris Vian et agrandit son effectif : cinq chanteurs, trois voix d’enfants, un chœur à quatre voix et un petit ensemble instrumental, sans l’électronique cette fois ; des moyens qui incitent la compositrice à porter l’ouvrage sur la scène. Ainsi la durée passe-t-elle de trois quarts d’heure à une heure et dix minutes, préfigurant, en 1992, l’écriture vocale et instrumentale de son futur grand opéra Madame Curie (2011) auquel elle ajoutera l’électronique.

La mixité des sources : de l’œuvre mixte à l’électronique live

Si l’on se réfère à sa définition historique, l’œuvre mixte qualifie les œuvres qui comprennent une partie instrumentale, interprétée ou improvisée par des musiciens sur scène, et une partie fixée sur support. « J’étais un peu lasse du travail solitaire en studio et voulais introduire l’instrument dans ma composition », se souvient Elżbieta Sikora qui, dès les années 1980, partagera son temps de travail entre la musique sur support, l’œuvre mixte et la musique instrumentale. Curieusement, car à cette époque il fallait choisir son camp (celui de Schaeffer ou de Boulez), La tête d’Orphée II (1982), première œuvre mixte d’envergure (Voyage 1 qui la précède, pour bande et tuba, ossia contrebasse, n’est qu’un coup d’essai) est une commande de l’Ircam. Elle est donnée en création dans le cadre d’un concert de l’Ensemble Intercontemporain par le flûtiste Pierre-Yves Artaud. L’œuvre d’une vingtaine de minutes éclaire d’emblée le rapport entretenu entre la ligne de flûte et les sons fixés. Sans rechercher l’interactivité entre les deux sources sonores comme l’a pratiquée Ivo Malec7, Sikora instaure une sorte de complémentarité des deux instances, sans que l’une ne prévale sur l’autre. Elles peuvent s’opposer, tels ces impacts brutaux provenant des haut-parleurs au début de la pièce, ou se rapprocher en termes de registre, d’allure et de dynamique, voire instaurer une complicité. La partie électroacoustique est parfois entendue seule, anticipant même le mouvement dans la montée en tension du dernier quart de la pièce. La bande en quatre pistes est aujourd’hui numérisée et conservée par l’Ircam qui en assure la remise à jour8 selon l’avancée des données technologiques.
Tout comme Chicago où la compositrice est allée poser ses micros, Lisbonne est une ville « qui sonne », dans l’ambiance de ses cafés, la résonance de ses rues pavées et les trajectoires vertigineuses de son tramway. Lisboa, tramway 28 de 1999, hommage à Fernando Pessŏa, convoque les sons de la ville mixés et montés en studio et les saxophones (soprano et alto) de Daniel Kientzy, un instrument et un interprète plus d’une fois sollicités par la compositrice. Si les deux sources sonores ne s’ignorent pas, elles restent fondamentalement autonomes et complémentaires. Le pittoresque (clochette du tramway, rumeur des voix, crissement du rail, etc.) passe par la bande tandis que l’aura poétique et l’âme voyageuse s’expriment à travers les aléas mélodiques du saxophone. L’écriture y est souvent non mesurée (comme dans les Préludes de Louis Couperin) laissant à l’interprète la souplesse et le délié du phrasé. Pour Daniel Kientzy et le saxophone, Sikora composera les trois premiers numéros de son cycle Axe rouge (2004, 2007 et 2008), des pièces mixtes où le saxophone est seul (Axe rouge III) ou associé à la contrebasse (Axe Rouge I) ou encore aux percussions (Axe rouge II).
Au piano (son instrument) qu’elle n’aborde que parcimonieusement, la compositrice préfère le champ des cordes où elle peut conduire le geste et modeler le son à sa convenance ; trois quatuors à cordes sont inscrits à son catalogue, un quintette avec contrebasse au côté de la clarinette (Sonosphère II My’Kaddish) et un Sextuor à cordes, hommage à Witold Lutosławski, avant son Concerto pour violon. Écrit en 1983, Solo pour violon, la seule pièce de son catalogue qui ne réponde pas à une commande, est emblématique de sa manière de faire : une onde entretenue par un trémolo à vive allure, en tant que matériau de départ, est portée par un geste expressif qui en propage la figure dans l’espace, à travers l’énergie du son, la dramaturgie de sa conduite (élan, silence expressif, attente, etc.) et la poétique de la ligne et de ses registres. Quelques vingt-six ans plus tard, Soleos (2019), pour violon et sons fixés est une commande destinée au Concours de violon Léopold Mozart à Augsbourg, afin de mettre les jeunes candidats dans les conditions de l’œuvre mixte. L’organicité du matériau est ici recherchée dans la mesure où la bande est réalisée en partie avec des sons de violon sur laquelle s’inscrit le flux instrumental. Sikora n’aime pas dénaturer le son de l’instrument mais fait appel aux techniques de jeu étendues (sons glissés, gettato, jeu sur le chevalet et champ des harmoniques) rejoignant en terme de techniques de studio la granulation, le filtrage, le lissage et la distorsion, autant d’états de la matière appréhendés par les deux sources sonores dans une pièce sollicitant le geste virtuose.
Dans Suite II pour clavecin, sons fixés et électronique live, écrite pour sa compatriote Élisabeth Chojnacka qui la crée en 1992, Sikora est assistée par Daniel Terrugi9 qui fait intervenir le processus SYTER, système en temps réel audionumérique développé par le GRM. La pièce se coule dans les quatre mouvements d’une symphonie où le jeu entretenu du clavecin (Allegro ma non troppo) rivalise avec le son continu de la bande. Ce même système SYTER est déjà présent en 1986 dans Rappel II pour orchestre et électronique live, commande du GRM et de Radio France, où Sikora met à l’œuvre cette technologie de transformation alors toute nouvelle.
Préférant la solitude du studio en matière d’élaboration électroacoustique, Elżbieta Sikora n’a guère fait l’expérience du travail collaboratif avec un RIM10 des nouveaux outils numériques qui, avoue-t-elle, l’ont toujours intimidée. Jusqu’à ce que l’Ircam, en lien avec le Ministère de la Culture polonais, lui passe, avec quelques trente-cinq ans d’écart, une nouvelle commande en 2017, pour mettre en résonance les espaces du tout nouveau National Forum of Music (NFM) de Wroclaw, dans le cadre du festival Musica Electronica Nova que dirigeait alors la compositrice11. Déclinant une fois encore les différents numéros d’un cycle, Sonosphères III et IV (qui sont à l’affiche du festival ManiFeste 2024), sont des pièces pour orchestre et électronique, sollicitant la présence aux manettes du RIM Sébastien Naves. Sonosphère III fusionne les couleurs de l’orchestre et de l’électronique live en de longues trames déferlantes aux moirures étranges. Dans Sonosphère IV, des sons de synthèse aux reflets scintillants modifient la perception temporelle en fin de parcours et laissent opérer la magie de l’outil électronique. L’œuvre se veut sans début – l’orchestre joue déjà quand le public entre dans la salle. Elle termine “sur l’erre12“, dans la résonance perpétrée de ces sonorités foisonnantes, au spectre large et à l’énergie fulgurante.

La porosité des pratiques

Le cycle des cinq Sonosphères (2013-2019) débute par Twilling pour hautbois solo, ensemble et électronique. La pièce intègre à la formation instrumentale un karlax13, instrument midi (interface numérique) aux allures de clarinette stylisée permettant de manipuler le son du hautbois solo de manière fine et en direct tout en réengageant une gestuelle sur scène. Le cycle se referme avec Sonosphère V. Wanda Landowska pour orchestre et guitare électrique : « J’ai choisi la guitare électrique, non le clavecin, car je voulais inscrire ma partition dans le panorama du XXIe siècle. Par ce choix délibéré, je mets également en valeur la modernité de Wanda Landowska (1879-1959), claveciniste d’origine polonaise qui, si elle était toujours parmi nous, aurait probablement joué de cet instrument ». Ainsi s’explique la compositrice dans sa note d’intention. Si elle aime regrouper ses pièces par familles – Axe rouge, Sonosphère mais aussi Suite ou encore Rappel – il n’existe aucun lien organique (format, matériau) entre les pièces sinon un esprit commun : l’ère baroque pour Suite, la configuration des espaces pour Sonosphère ou une image mentale plus personnelle comme celle d’Axe rouge. Dans Sonosphère V, relais de timbres, percussion musclée et émergences de la guitare dessinent la dramaturgie et jouent avec l’espace. Entre groove et traits virtuoses, glissades vertigineuses, impacts bruiteux et matière saturée, la guitare électrique est l’interface idéale pour Sikora entre le monde électronique et l’univers instrumental. L’écriture engage, corps et bras, le soliste dans une cadence dûment écrite, même si l’élan de l’improvisation la traverse tout comme le souvenir de Jimmy Hendricks.
Si l’électronique reste un outil de composition qui s’avère essentiel pour certains de ses projets (l’aventure des Sonosphères notamment, mais aussi son opéra Madame Curie), Elżbieta Sikora aime s’investir totalement dans la partition, satisfaisant un désir de plénitude orchestrale et de profils virtuoses, sa « tendance dionysiaque » qu’elle assume en toute conscience et qui traverse l’écriture de ses six concertos. « Les sons du studio, pas seulement leurs formes d’onde mais aussi leur devenir (attaque, allure, coupure nette, etc.) ont influencé ma façon d’écrire pour les instruments ; sans parler de transfert d’un univers à l’autre, l’électroacoustique a forgé mon écoute ». Côté partition, elle reconnaît également l’influence marquante de ses modèles polonais, Lutoslawski qu’elle vénère, Penderecki mais aussi Serocki : elle retient les audaces formelles et la densité polyphonique des cordes du premier, la tension qui conduit le discours musical du second et la dimension expérimentale du troisième.
L’énergie est le maître mot dans son Concerto pour piano, hommage à Frédéric Chopin (2000), commande parisienne de la Société Chopin. ‟La mise à feu” inaugurale et le trille du piano, en tant qu’agent de tension, instaurent le climat d’urgence du premier mouvement. Le son y est toujours entretenu (trille, trémolo, roulement) au sein de l’orchestre comme sur le clavier, et l’écriture organisée autour de polarités fortes (Bartók demeure) qui ancrent harmoniquement le discours. « Au départ de l’œuvre, je remplis des tonnes de papiers, de fragments, de séquences, d’accords, de bribes de motifs, dans un joyeux désordre avant d’organiser le tout », confie-t-elle ; « j’essaie de me laisser guider par mon désir intérieur et je façonne ensuite avec plus de vigilance, en fonction de mon expérience et du projet que j’ai quelque part dans ma tête. »
Son concerto pour harpe amplifiée South shore (2007-2008) est le seul à faire intervenir l’électronique live, appuyant certains modes de jeu (sons glissés, zingage) et permettant l’alchimie des timbres entre soliste et orchestre. Elżbieta Sikora procède dans son premier Concerto pour orgue (écrit en 2007 et révisé en 2020) comme dans son Concerto pour piano ; en liant les sonorités de l’instrument soliste à celles de l’orchestre pour créer un méta-instrument d’une puissance décuplée qui sert sa boulimie de timbres et la manière musclée de son écriture. Dans la cadence au mitan de l’œuvre, elle sculpte son matériau et modèle les morphologies comme elle le fait au studio. Le Concerto pour violon (2018), précédant de quatre ans le deuxième Concerto pour orgue (2022) porte le jeu du soliste, épaulé et amplifié par l’orchestre, vers des sommets de tension et aux extrêmes de son registre aigu. « Dans toute ma musique, je recherche l’intensité », souligne Sikora qui dit avoir souvent travaillé dans l’urgence, du fait de la date de rendu de la commande.

Opéra et dramaturgie

Rien ne laissait supposer un tel attachement de la compositrice pour la voix, elle qui détestait l’opéra avant d’être tenue d’en écrire un pour obtenir son diplôme de fin d’étude de composition à Varsovie, dans la classe de Zbigniew Rudziński. Si l’opéra de chambre Ariadna (1977) qu’elle écrit sur un texte de Cesare Pavese (traduit en polonais par M.S.Kasprzysiak) lui met le pied à l’étrier, il tient lieu de révélateur pour la jeune compositrice qui se prend de passion pour l’écriture des voix et la réalisation du projet dramaturgique : Ariadna est un théâtre de mots autant que de sons où les deux voix convoquées (soprano et mezzo) empruntent un parlé-chanté syllabique aussi naturel que sensible tandis que l’ensemble instrumental économe mais plein de ressources (piano, célesta, trombones, percussions, etc.) sonde le pouvoir et l’efficacité expressive du son. Coup de maître, l’opéra reçoit le deuxième prix du Concours international Carl Maria von Weber de Dresde en 1978. L’ouvrage est porté, un an plus tard, sur la scène de l’Opéra de Chambre de Varsovie et gravé dans la foulée.
Forte d’une deuxième expérience scénique en 1992, avec L’Arrache-cœur, Sikora décide en 2008 de réaliser le projet de son grand œuvre, Madame Curie (2010-2012), commande franco-polonaise pour le Centenaire de l’attribution du Prix Nobel de chimie à Marie Skłodowska-Curie (1867-1934). L’ouvrage d’envergure (1h50) est accueilli en création mondiale par la Maison de l’Unesco en novembre 2011 avant d’investir le plateau de l’Opéra baltique de Gdansk quelques jours plus tard. Le livret en trois actes d’Agata Miklaszewska retrace l’histoire de cette femme polonaise, intègre et libre obstinément, arrivée à Paris à 24 ans, dont le profil de vie autant que la force de caractère semblent étonnamment proches de ceux de la compositrice. Sikora fait le choix d’un lyrisme largement déployé, intense comme la brillance du radium, et met à l’œuvre l’efficacité des timbres instrumentaux (incluant la guitare électrique et l’accordéon) relevés d’un riche pupitre de percussions. Diego Losa du GRM est à ses côtés pour l’élaboration de la partie électronique dont les interventions plus sporadiques installent le décor sonore ou relaient l’orchestre au-delà de l’instrumental, en faisant entendre le bruit des bombes, notamment.

La relation au monde

Drame acousmatique sans voix, Janek Wiśniewski, Decembre, Pologne, est une commande du GRM de 1982, passée à la compositrice la même année que celle de l’Ircam (La tête d’Orphée II) : la pièce referme ainsi le cycle des « trois têtes ». Actualisant le mythe orphique, la troisième tête est celle de l’ouvrier polonais mort sous les coups de la police lors d’une manifestation des chantiers navals polonais en 1970. D’une violence inouïe, c’est l’œuvre « coup de poing » de la compositrice, puissante et contestataire, aux coups mordants comme ceux du Cerbère légendaire dont la figure d’Orphée suscite l’image. Le montage est serré, la polyphonie dense et mouvante et les sons incisifs pour exprimer la colère. Elle sourd également dans Rapsodie pour la mort d’une République, pièce électroacoustique de 1979, ciblant les révoltes d’Amérique du Sud, où Sikora dit avoir utilisé les sons de la bombe atomique ! Plus récente, Passage souterrain (2019) est une œuvre mixte pour orchestre et sons fixés, commande de la Radio Polonaise liée à l’insurrection de Varsovie de 1944. La confrontation hardie autant que virtuose des deux instances, dans un premier mouvement à haute tension, tire les sonorités vers un univers bruité et parfois saturé dans un espace où s’entend le phénomène de résonance des souterrains. L’exploration sonore et les ressorts de l’imaginaire embrassent dans un même geste créatif ce « total sonore » dont parle François Bayle, à savoir « tout ce que l’oreille peut entendre pour s’en émouvoir14 ».
Après Liquid Air (2021) et Ouverture (2023), deux pièces pour orchestre, Tenebræ (2023) est la dernière partition écrite à ce jour, sachant que la compositrice met la première main à un nouvel opéra. Œuvre pour solistes, chœur et orchestre, Tenebræ, commande du musée du ghetto, a été donnée à l’Opéra national de Varsovie le 19 avril 2023, soit quatre-vingts ans, jour pour jour, après l’insurrection du ghetto de Varsovie dont elle commémore le souvenir. Traversée du souffle dramatique qui habite la personnalité de Sikora (elle a déjà traité le sujet de l’holocauste dans Le sixième commandement : tu ne tueras point, l’année précédente), l’œuvre, s’identifiant à une Passion, est « grave », au sens baroque du terme (solennité et ferveur). Deux poèmes de Ceylan – dont Stehen (« Tenir debout ») – y sont chantés en allemand tandis que des textes en polonais émanant de témoins du camp de la mort de Majdanek passent par la voix parlée-criée du chœur. Comme dans Madame Curie, la puissance du flux sonore comme l’intensité qui émane des parties chantées sont l’antidote du pathos sans pour autant chasser l’émotion qu’un solo de clarinette vient raviver à travers les accents du kaddish.
Nombreuse et protéiforme, l’œuvre d’Elżbieta Sikora n’oublie aucun genre ni aucune pratique ; qu’elle choisisse « l’art des sons fixés » et les sortilèges du studio, ou les ressources de l’écriture instrumentale et d’un texte, Sikora observe la même attitude volontaire visant à embrasser le champ des possibles en matière de perception et d’expression sonore. « Je trouve d’abord, je cherche ensuite », disait, bien à propos Pierre Schaeffer ; le son que recherche Sikora se situe au-delà de l’expérimentation : « Je veux qu’il mène quelque part, qu’il véhicule quelque chose, c’est en cela qu’il va me définir. »
Cette musique qui s’engage, à travers l’autorité du geste, le sens des couleurs, l’univers de la voix et la mixité des sources, Sikora la retrouve aujourd’hui chez sa compatriote, compositrice et vocaliste Agata Zubel (née en 1979) : « Lorsque j’ai entendu pour la première fois Cadenza pour violon d’Agata (titre que j’ai moi-même utilisé en 2012 pour mon solo de violoncelle), j’ai cru un instant qu’il s’agissait de mon propre Solo pour violon », se souvient-elle. On ne saurait mieux argumenter la filiation qui s’établit entre les deux compositrices.


1. Sauf mention contraire, toutes les citations sont issues de l’entretien de l’autrice avec la compositrice.
2. Formé à la discipline des trois Viennois, Tadeusz Baird va participer à la fondation du festival L’Automne de Varsovie en 1954.
3. Membre du GRM dont il sera le directeur artistique jusqu’en 2015.
4. Cyprian Kamil Norwid (1821-1883) est un poète, écrivain, auteur dramatique, penseur, peintre et sculpteur polonais. Norwid’Ellipse était à l’affiche du festival brestois Longueur d’ondes – Festival de la radio et de l’écoute, en février 2024.
5. L’Atelier de création radiophonique (ACR) a été fondé en 1969 par Alain Trutat.
6. Jean-Pierre Duprey (1930-1959) est un poète proche d’André Breton, qui participe au mouvement surréaliste. Il se suicide à l’âge de 29 ans.
7. Ivo Malec (1925-2019), pionnier et chantre de l’œuvre mixte avec Cantate pour elle, Attacca ou encore Lumina
8. Également qualifiée de « portage ».
9. Daniel Teruggi (né en 1952) : devient directeur du GRM en 1997, succédant à François Bayle, et directeur de la Recherche et de l’Expérimentation à l’Ina en 2001.
10. Réalisateur en informatique musical, descendant contemporain de l’assistant musical dans les studios de musique électroacoustiques.
11. Elżbieta Sikora a dirigé le festival Musica Electronica Nova de Wroclaw de 2009 à 2017.
12. “Sur l’erre” est l’une des quinze Unités Sémiotiques Temporelles (UST) développées par le MIM de Marseille. L’image est celle d’un bateau qui, ayant affalé ses voiles ou coupé son moteur, continue à avancer “sur l’erre” grâce à sa vitesse acquise, sans apport d’énergie ni pour avancer ni pour freiner, ralenti lentement par les frottements.
13. Le Karlax est l’invention de Rémi Dury qui désirait réintroduire le geste instrumental dans la performance informatique.
14. François Bayle in Quarante ans de création musicale, Éditions MF, 2017, p. 103.

© Ircam-Centre Pompidou, 2024

Source et détails du catalogue

Musique de films, courts métrages et documentaires

  • Les enfants du vent (Krzysztof Rogulski, 1991)
  • Le temps de fer (Krzysztof Rogulski, 1982)
  • Le conte de Noël (Krzysztof Rogulski, 1982)
  • La Déclaration (André Waksmann, 1982)
  • KOR (Agnieszka Holland, 1982)
  • Wielka Majówka / La grande fête (Krzysztof Rogulski, 1981)
  • Papa Stamm (Krzysztof Rogulski, 1978)
  • Przed odlotem / Avant l’envol (Krzysztof Rogulski, 1978)
  • Krótka podróż / Un court voyage (Krzysztof Rogulski, 1977)
  • Papierowy ptak / Un oiseau de papier (Sławomir Idziak, 1972)

Source(s) du catalogue

Musique de films, courts métrages et documentaires

  • Les enfants du vent (Krzysztof Rogulski, 1991)
  • Le temps de fer (Krzysztof Rogulski, 1982)
  • Le conte de Noël (Krzysztof Rogulski, 1982)
  • La Déclaration (André Waksmann, 1982)
  • KOR (Agnieszka Holland, 1982)
  • Wielka Majówka / La grande fête (Krzysztof Rogulski, 1981)
  • Papa Stamm (Krzysztof Rogulski, 1978)
  • Przed odlotem / Avant l’envol (Krzysztof Rogulski, 1978)
  • Krótka podróż / Un court voyage (Krzysztof Rogulski, 1977)
  • Papierowy ptak / Un oiseau de papier (Sławomir Idziak, 1972)

Liens internet

(liens vérifiés en mars 2024).

Bibliographie sélective

  • Cécile GILLY, « Elżbieta Sikora, l’écriture du son », dans L’Éducation musicale, 2009, n° 62, p. 20.
  • Marietta MORAWSKA-BÜNGELER, « Der ununterbrochene Fluss der Musik, die polnische Komponistin Elżbieta Sikora », dans MusikTexte, n° 86-87, 2000, p. 6-12.
  • Pierre RIGAUDIÈRE, « Elżbieta Sikora », dans Compositrices, l’égalité en acte, Laure Marcel-Berlioz, Omer Corlaix, Bastien Gallet (dir.), préface de Françoise Nyssen, Paris, Centre de documentation de la musique contemporaine, Éditions MF, collection « Paroles », 2019 ; édition de poche publiée chez le même éditeur, 2019.
  • Catherine SAINT-JAMES, Boris Vian et l’opéra, mémoire de maîtrise de musicologie, Université Rennes II, 1995.
  • Elżbieta SIKORA, « Son et image : liaison dangereuse », dans Marsyas, revue de pédagogie musicale et chorégraphique, n° 17, mars 1991.
  • Elżbieta SIKORA, « Quand j’ai commencé à composer l’opéra qui t’est consacré…  », In Lettres à Madame Curie, Jean-Marc Lévy-Leblond : éditeur scientifique, Paris : Éditions Thierry Marchaisse, 2020, pp. 155-159.
  • Elżbieta SIKORA, « Son et image : liaison dangereuse », in Marsyas, revue de pédagogie musicale et chorégraphique, n° 17, mars 1991, pp. 22-31.
  • Elżbieta SIKORA, « Witold Lutosławski : 80 ans de liberté » [un entretien d’Elżbieta Sikora avec Witold Lutosławski], in Diapason-Harmonie, n° 393, mai 1993. pp. 34-38.
  • Elżbieta SIKORA, Krzysztof STEFANSKI, Flashback, Cracovie : PWM Edition, 2022.
  • Michèle TOSI, « Elżbieta Sikora, une compositrice polonaise engagée », dans L’Éducation musicale, avril 2016.
  • WEID (von der) Jean-Noël, La Musique du XXe siècle, Paris, Hachette Littératures, 2005.

Discographie sélective

  • Elżbieta SIKORA, Concertos, Mari Fukumoto : orgue, Adam Kośmieja : piano, Linus Roth : violon, NFM Filharmonia Wrocławska, Narodowa Orkiestra Symfoniczna Polskiego Radia, Sinfonia Varsovia, pascal Rophé : direction, José Maria Florêncio : direction, 1 Cd Anaklasis, 2022, ANA 024.
  • Elżbieta SIKORA, Flashback ; View from the Window ; The Head of Orpheus ; The Night Face Up ; The Second Journey, 3 cd Bôłt Records : Polish Radio Experimental Studio, 2012.
  • Elżbieta SIKORA, South Shore, Isabelle Perrin, harpe ; Philarmonie Baltique de Gdansk ; Jerzy Maksymiuk, direction, 1 cd DUX, 2009, 0713.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée II ; Suite ; Suite II ; Reflets Irisés, Emmanuelle Ophèle, flûte ; David Simpson, violoncelle ; Goska Isphording, clavecin ; Wilhem Latchoumia, piano, 1 cd DUX, 2008, 0679.
  • Elżbieta SIKORA, Reflets irisées, avec des œuvres de Francisco Kröpfl, Dieter Kaufmann, Mathew Adkins, … et al. dans « Compendium International Bourges 2005 », 1 cd IMEB 2008.
  • Elżbieta SIKORA, Rappel III, Orchestre de chambre de la Radio Polonaise ; Agnieszka Duczmal, direction, 1 cd PRCD, 2004, 096.
  • Elżbieta SIKORA, Grain de sable, dans « Compendium International Bourges 2001 » avec des œuvres de Christian Clozier, Beatriz Ferreyra, Horacio Vaggione et Patrick Ascione, 1 cd Mnemosyne Musique Média, 2002, LDC 278 11 22/23.
  • Elżbieta SIKORA, Rouge d’été, avec des œuvres de Lorenzo Ferrero, Alain Savouret, Beatriz Ferreyra, … et al. dans « Les Saisons », 1 cd Chrysopée Electronique, 2002, LDC 278 11 26/29.
  • Elżbieta SIKORA, Lisboa, tramway 28 ; Janek Wiśniewski, décembre, Pologne, Daniel Kientzy, saxophone, 1 cd Ina-GRM, 2001, e5011 275 842.
  • Elżbieta SIKORA, Le Chant de Salomon ; Solo pour violon ; Canzona ; Drei Lieder Eine Rose als Stütze ; Rappel III, Olga Loustiv-Ternovskaia, soprano ; Maria Bulgakova, soprano ; Alexandre Kalashkov, violon ; Mikhail Dubov, piano ; Alla Vasilieva, viole de gambe ; Ensemble de Musique Contemporaine de Moscou ; Orchestre à cordes de l’Orchestre National de Russie ; Jean Thorel, direction, 1 cd Le Chant du Monde, 2003, LDC 2781118.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée ; Aquamarina, avec des œuvres de Patrick Kosk, Jacky Merit, Kent Olofsson, … et al. dans « Cultures électroniques 13 », 1 cd IMEB, 1981, LCD278070/71.
  • Elżbieta SIKORA, Rappel II, Orchestre Philharmonique de Poznan ; Wojciech Michniewski, direction ; Fréderic Curien, transformation en temps réel, dans « Warsaw Autumn 89 », 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1982, 2858.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée II, Jadwiga Kotnowska, flûte, dans « Warsaw Autumn 82 », 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1982, 2739.
  • Elżbieta SIKORA, Ariadna, Ewa Ignatowicz, soprano ; Lidia Juranek, mezzo-soprano ; Ensemble Instrumental de l’Opéra de chambre de Varsovie ; Jacek Kasprzyk, direction, 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1979, SX 1778.